Par Christoph Yavkin

Au terme d’un acte de playouts posément dramatique, le jeu est fait au détriment et au déficit d’une équipe ajoulote, qui n’est certes pas morte, mais qui se trouve au-devant d’une tâche extrêmement ardue dans un barrage de tous les (pires) dangers contre d’euphoriques chaux-de-fonniers.

Des abeilles neuchâteloises voraces et efficaces, remarquablement disposées sur l’échiquier de la Swiss League de cette saison. Le mérite en revient bien sûr à un très clairvoyant Louis Matte, lequel avait certes le «matériel» à disposition pour obtenir ce titre assez aisément. Et qui n’a rien de surprenant.

Qui plus est dès lors que Viège fait crise sur crise et que le contradicteur principal soleurois avait «perdu» Gary Nunn (depuis l’annonce de son futur… viègeois (!) puis encore en délicatesse avec une blessure), donc un peu-beaucoup de son âme. Sans compter qu’Olten fait du Olten de manière systémique depuis 20 ans.

Encore moins surprenant en pouvant compter, Sondre Olden mis à part, sur trois étrangers interchangeables après l’apport de Wilkins, en plus d’un très productif Bengtsson, à mesure qu’il était appelé à jouer, et Topping.

Tellement de virages ratés

Le HCA se retrouve au final dans ce contexte délicat qu’on lui prédisait, ceci après avoir disputé une 2e saison au plus haut niveau bien meilleure du point de vue comptable que la précédente, vous direz que ce ne devait pas être trop difficile.

La donne à six étrangers y a plus largement contribué qu’on ne le pense. Mais dans le dernier exercice, les jurassiens ont tout de même cédé. Et de curieuse manière, de celles qui peuvent laisser de très amers regrets: égaliser un 0-2 dans la série et mener 2-0 à 5’ de la fin sur la glace de l’adversaire dans l’acte V a  été le premier des cadeaux les plus empoisonnés jamais fait à l’équipe. 2 minutes, 2 buts et une prolongation perdue près de 20 minutes plus tard et le manche était définitivement jeté avec la cognée…

Croyait-on: or, avec un taux de réussite invraisemblable dans un tel enjeu, ils avaient d’abord la chance d’ouvrir le score après 15 secondes puis, menée 1-2, d’inscrire trois buts en 2’16’’ (dont 2 en 13 secondes)  au sortir de 7 minutes (!) passées dans leur camp à éviter un troisième but et avec un Tim Wolf encore béni des dieux!

Ces deuxième et troisième, présents du ciel était de nouveau gommés par deux buts emmentalois en 8 secondes (!!) et entraînaient une nouvelle prolongation, plus longue encore puisque la décision tombait après une grosse demi-heure. Décision qui précipite donc les jurassiens dans le barrage. 

On a tendance à penser qu’heureusement pour l’adversaire du HCC, le funeste verdict soit connu après le 6ème plutôt qu’au terme d’une 7ème confrontation: cela laisse en effet à l’équipe quatre jours de récupération au lieu de deux, après trois heures à batailler jusqu’à un dernier… souffle. Qu’on a clairement perçu dans la 2ème prolongation de ce samedi chez des ajoulots «cuits» (1:11 tirs).

Digérer le crève-coeur

Après les effets de ce qui vient de se passer durant leurs deux dernières confrontations, ce ne sera vraiment pas un luxe face aux montagnards neuchâtelois gonflés à bloc et qui ont déjà bénéficié de cinq jours de plus pour se préparer à l’empoignade.  Pour laquelle, Julien Vauclair devra bien sûr faire l’impasse sur deux de six imports.  Ce qui peut contribuer à considérablement dérégler une machine habituée à fonctionner différemment.

Bref et pour autant qu’il ait surmonté et surtout bien digéré le crève-cœur subi et n’est pas épuisé, le HCA sera bien  inspiré d’éviter de dilapider les offrandes et à faire en sorte de dissiper tout doute pied au plancher.