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«ENTRÉE(S) EN ZONE» - Quelques ajustements d'humeur

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ENTREE(S) EN ZONE
— Photo © Illustration Hockey Center

Chronique
CHRISTOPH YAVKIN

Pour m’être entretenu très en profondeur avec Filip Pesàn avant qu’il n’entre pleinement dans sa peau de coach du HC Ajoie, j’avoue avoir été assez heurté d’entendre certains des discours tenus à son sujet après qu’il ait été débarqué de ses fonctions.

Celui-ci a-t-il par ailleurs conservé une activité au club, cela lui a-t-il été proposé ? Cet aspect a une certaine importance. En effet, pour rappel, le club jurassien a signé le technicien tchèque pour 2 ans et le contrat de Gary Sheehan, écarté l’hiver dernier, court également à la fin de 2024. Ce qui pour un club de cette taille, revêt une importance cruciale.          

Mesure en tous points pragmatique

Julien Vauclair, qui a déclaré dans les médias porter l’entière responsabilité de la situation apporte des éclaircissements. «Non, Filip Pesàn est retourné dans son pays, il n’a pas été envisagé de variante. Non, il n’y a pas de mystère autour d’une décision qui est définitivement et strictement sportive. Elle ne vise pas à proprement parler l’homme et/ou ses méthodes, qu’il n’est pas question de commenter. Il ne convenait plus de le conserver très simplement.» Et Nummelin ? «Nous avons bien entendu eu quelques discussions à l’interne mais rien de concret dans cette approche.»

T.J. Brennan égoïste?

Dans une équipe dont Julien Vauclair a donc choisi d’être dorénavant le seul maître à bord, on murmure aussi d’assez nombreuses critiques au sujet du défenseur américain T.J. Brennan et de son investissement …. défensif, considéré plutôt insuffisant, voire négligent.

Très productif offensivement, il privilégierait son compte chiffré. Julien Vauclair... défend (terme choisi!) : «T.J. est (réd. nous le savons bien) résolument porté et orienté vers l’avant. Je dirais donc qu’il évolue pour l’essentiel dans un rôle qui est, logiquement, le sien. En ce sens, il se rapproche passablement d’un genre Tömmernes.» Lequel, on en conviendra, se rend aussi coupable de largesses défensives dont il a le curieux secret.

Il va de soi qu’à presque 50 (!) points de différence comptable, les «blancs» (on dira plutôt «gris»), du sculptural suédois n’ont pas les conséquences qu’elles entraînent chez les ajoulots, selon que soit comparé la richesse de l’effectif genevois !

Rencontré également longuement durant l’automne, Brennan est par ailleurs un personnage haut en couleurs et son dynamisme comme son esprit très subtil, sont néanmoins et sans aucun doute, très profitables.

Devos / Desmarais / 8-8-8 

On ne peut s’empêcher enfin, à la lecture et au su de tous les bruits en cuisine, de songer à de tumultueux épisodes, qui ont précédé et conduit au départ précipité de James Desmarais en 2014, après 8 ans en Ajoie. Le cas pourrait guetter 8 ans plus tard avec une autre personnalité et… 8 autres années d’appartenance.

Le cas de figure serait-il en mesure de se reproduire avec un Philip-Michaël Devos, qui a pris, comme son prédécesseur, énormément de mètres cube en Ajoie et dont la notoriété y est aussi proportionnelle qu’émotionnelle? 

Attention à bien comprendre le facteur.  «Je ne connais pas (…) le cas Desmarais, j’étais joueur à Lugano (réd. ils sont par ailleurs contemporains), je ne peux pas me prononcer. Mais je vous réponds ceci : toute la question selon un cas de figure ou un autre, réside dans une gestion adéquate   de l’ensemble et de chaque élément.»

Configuration similaire

Le terme est lancé et sacré. Précisément : Vauclair est (très) jeune, n’a pas vécu la période en question, dont la... gestion avait été rendue de problématique à irrespirable. On s’explique : on peine à dénicher une configuration identique en Suisse au cours des 20 dernières années, dans laquelle un très long engagement aurait mené à du très positif.

Certes, on peut citer des Rintanen ou Santala à Kloten, Nummelin (clin d’œil offert) à Lugano, Lindgren et Marha à Davos, plus près de nous bien sûr, Rajala à Bienne ou Tömmernes à Genève. 

Mais il y a un très gros «mais»: ils sont finlandais, suédois, respectivement tchèque et pas canadiens du tout, encore moins francophones. Et les contextes démographiques et culturels ne sont nullement comparables ! Vous l’aurez deviné peut-être, toute la question... comme sa réponse (!),  sont là. 

Au peuple de la Rauracie, on souhaite que ce qui s’est produit avec le devenu pantouflard James d’alors, ne se répéte. Les caractéristiques d’un Devos sont très opposées à celles du trublion belliqueux qui avait enflammé l’Abbitibi et Rouyn à 20 ans. Mais si on veut être pointilleux, on observera que Roy/Desmarais, arrivés en même temps dans le Jura en 2007 (Roy a quitté l’Ajoie un an avant son acolyte), peuvent apparaître comme un reflet du duo Devos/Hazen.  Une configuration assez similaire.