National League

HC Ajoie

Pesán à Ajoie, ça marchera si... 

Par Philippe Ducarroz

Oui, ça marchera... si l'homme saura se fondre dans un contexte qui lui sera très inédit, dans un cadre inédit, dans un environnement humain qui sera inédit. Car Porrentruy, le HC Ajoie, les Jurassiens, ça vous accepte... ou pas. Quand Julien Vauclair dit que son entraîneur devra s'adapter, il ne croit peut-être pas si bien dire. Et pas seulement à la bande. On s'explique.

Quand Filip Pesán (44 ans) est entré en fonction au service de la Fédération tchèque, d'abord avec les U18, les U19, puis les U20, la direction a imaginé que ce changement entraînerait une avancée significative.

Bien vu: Pešán est considéré comme l'un des entraîneurs les plus talentueux de la République tchèque, qui sait reconnaître les tendances modernes. Et c'est justement ce que recherchait Julien Vauclair, le boss technique du HC Ajoie.

Les résultats sont corrects, mais un point chicane sérieusement les suiveurs: l'équipe U20 qui se présente aux mondiaux 2018 n'est pas soudée. Les Tchèques connaissent le pire début de tournoi de leur histoire. Un jeu trop simple, constataient les observateurs, pas assez travailleuse.

Et surtout pas assez d'émotion sur le banc. Impression qui allait se renouveler les années suivantes, comme une constante qui a fortement dérangé les fans tchèques. La plupart des supporters reprochent à Pesán de ne pas être très énergique sur le banc pendant les matchs. Les supporters sont perplexes quand Pesán ne célèbre même pas les buts de son équipe.

Froid et sans coeur

Tel est le caractère du bonhomme. Une personne froide et sans coeur, avance-t-on. Peut-il parler? Je pensais qu'il ne faisait que mâcher, plaisante un autre fan. Apparemment, on est loin du comportement d'un Ivan Hlinka bouillonnant sur le banc.

Facebook est plein de messages similaires envers Pesán. Un collage humoristique de photos identiques de Filip Pesán a bien fait rire tout le monde: une des deux images expose son visage après avoir vu son équipe marquer un but, l'autre (en fait la même) montre sa tristesse après avoir perdu un match. Cherchez l'erreur...

L'entraîneur lui-même répond dans la presse de son pays qu'il est conscient de l'impression qu'il laisse. Il déclarait pourtant ne pas vouloir changer: Je me comporte comme je le sens. Je ne peux pas juger si je suis arrogant, mais j'ai aussi un visage humain. Malheureusement, jusqu'à présent, je n'ai pas eu beaucoup d'occasions de montrer qu'il peut aussi être amical et sympathique. Je suis perçu comme un entraîneur et l'arrogance fait partie de mon rôle et du théâtre que je dois jouer lorsque je gère l'équipe, a répondu l'ex- sélectionneur national à iSport.cz il y a quelques temps.

À voir, donc, si le nouveau coach des Ajoulots saura faire preuve des qualités d'adaptation nécessaires pour mener à bien son nouveau challenge. Hautain, distant et sans empathie, son séjour dans le Jura sera difficile. Mais le bonhomme est intelligent. Lorsqu'il commencera à baragouiner quelques mots en français à la reprise du championnat, on pourra dire que sa mission débute sur de bonnes bases. S'il entonne la Rauracienne, il aura presque réussi son pari.