"Sortie(s) de zone"
La chronique à Yavkin
CHRONIQUE, Christoph Yavkin
Le retour d’Amérique du Nord de Grégory Hofmann dans la première quinzaine de l’année avait donné matière à diverses réflexions. Au sortir d’une excellente saison précédente, avec 55 points en 49 matches, le titre obtenu (certes dans une finale jouée sur 3 parties, virus oblige) mais aussi à l’international (18 rencontres sous le maillot à croix blanche, dont 8 au Championnat du monde, 18 points pour une... seule pénalité), le jurassien bernois s’était vu proposer un contrat en Ohio dix ans après avoir été drafté en Caroline.
Il s’était décidé (ou l’a-t-on décidé à le faire?) à saisir la très tardive offrande. Vint-quatre apparitions avec les Blue Jackets pour 7 petits points plus loin et voilà déjà qu’il regagnait ses bases. Logique, trop logique. Le brillant ailier gauche devait (ou devait-on le faire pour lui?) envisager l’aventure bien plus tôt et si ça n’a jamais fonctionné, les raisons ne tiennent pas aux capacités intrinsèques du joueur mais à celles de le vouloir vraiment et de l’oser.
Devenu presque trentenaire, Grégory Hofmann n’allait pas miraculeusement et subitement inonder le proche Midwest par son talent mais devoir s’y établir par un travail qu’on peut soulever titanesque, même s’il ne s’agit que de Columbus. Parmi les attaquants, on y trouve tout de même un Patrick Laine, revenu à niveau après avoir été échangé de Winnipeg, Max Domi, le suédois Gustav Nyquist, l’excellent double national danois-US Oliver Bjorkstrand ou le monstre «Barbe rousse» Jakub Voracek depuis cette saison, après 10 ans à Philadelphie.
Revenu doit-on préciser, car il y avait passé déjà trois saisons entre 19 et 21 ans (!) après avoir été drafté ici-même et n’avoir pas tergiversé un quart de seconde. Des joueurs d’un sacrée envergure, avec des palmarès NHL de très haut vol, dont la valeur cumulée représente 33 mio ! Et dont il y avait énormément à apprendre.
Qu’était donc venu faire Grégory Hofmann dans cette galère ? Ce n’est en tous les cas pas Jarmo Kekäläinen, le Manager général des Blue Jackets qui a regretté la décision d’Hofmann de rentrer au bercail. Un manager qui fût ailier gauche aussi et qui disputa une (!) rencontre de playoffs avec Rapperswil-Jona en 1993/94. Cette chute à une péripétie américaine n’était que trop prévisible.
Bref, on peine à comprendre. D’un côté comme de l’autre d’ailleurs ! Vu de la mégalopole universitaire, est-ce Dean Kukan qui l’aurait si chaudement recommandé à son employeur ? À l’opposé, quelle mouche aux ailes dorées a-t-elle pu s’introduire dans la Bossard Arena ?
On ne s’empêchera de comparer un peu le destin d’Hofmann avec celui d’un Julien Sprunger. Drafté en 2004 par Minnesota, celui-ci n’a jamais rien tenté mais par choix, nous avait-il clairement expliqué, sans faire de mystère. Le mystère Hofmann n’en est pas un non plus mais la morale de la comptine, car c’en est une, est assez décevante.
Le maçon qu’est Grégory n’avait pourtant pas choisi la voie de la facilité lorsqu’il a pris, à 15 ans et sur le conseil de sa famille, le chemin d’un austère vallée italophone pour y accomplir son (dur) apprentissage, tout en développant ses exceptionnelles aptitudes sur la glace.
La suite est plus surprenante, quoique limpide. Logique, disions-nous, trop logique. Et très amère. Mais beaucoup moins pour le joueur que pour de si nombreux autres qui patinent derrière leur rêve.
1 | EHC Kloten | 52 j | 132 pts |
2 | ZSC Lions | 54 j | 102 pts |
3 | EV Zoug | 52 j | 100 pts |
4 | HC Fribourg-Gottéron | 51 j | 94 pts |
5 | SC Rapperswil-Jona Lakers | 52 j | 94 pts |
6 | HC Davos | 51 j | 88 pts |
7 | Genève-Servette HC | 52 j | 88 pts |
8 | Lausanne HC | 51 j | 87 pts |
9 | EHC Biel-Bienne | 52 j | 87 pts |
10 | HC Lugano | 52 j | 76 pts |
11 | HC Ambri-Piotta | 52 j | 66 pts |
12 | SC Bern | 52 j | 65 pts |
13 | SCL Tigers | 50 j | 35 pts |
14 | HC Ajoie | 51 j | 26 pts |